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64 LA R E V U E L Y O N N A I S E mentaires de César \ est appelé aujourd'hui l'Ecluse par les Français et les Allemands, et c'est là qu'est située, sur des rochers qui dominent le Rhône, une forteresse qui fut rasée par les Ber- nois, en 1536, quand, irrités du tnanque de foi des Savoisienset liés par la promesse qu'ils avaient faite, par serment, aux citoyens de Genève, ils furent amenés à faire contre le duc de Savoie, sous la conduite et le commandement de l'habile et courageux François Negelin, une guerre, dans laquelle ils soumirent avec l'aide de Dieu, à l'autorité des Genevois, tout le territoire situé en deçà du Rhône, et un peu au delà de l'Écluse. Cette expédition, commencée au mois de janvier, fut terminée à la fin de février 2 . Ce.lieu, dominé par des montages, n'est pas dans une situation très forte. Mais la nature elle-même contribue à la défense de celte forteresse,en partie creusée dans le roc, et assise à une assez grande hauteursur des rochers inaccessibles, qui commandent undéfiléqu'il serait difficile à une armée de traverser. Les Genevois s'en emparèrent en faisant rouler d'énormes ro- chers du haut de la montagne ; mais comme ils ne crurent pas pouvoir se maintenir dans cette citadelle avec leurs propres forces, ils la cédèrent avec le bailliage de Gex au roi de France Henri IV, qui leur promit, en récompense, un subside annuel de 25,000 écus d'or, pour payer la solde des troupes qu'ils avaient levées contre les Savoisiens. Et c'est ainsi que depuis cette époque et jusqu'à ce jour le roi de France en est demeuré possesseur. Mais quand nous y passâmes, ce prince n'y entretenait qu'une garnison de huit i Nous n'avons pu trouver aucun renseignement sur cet auteur, qui, d'après Goi- nitz, aurait écrit des Commentaires sur l'histoire de la guerre des Gaules de J. César. 2 Au commencemeni de l'année 15.36, le duc de Savoie, ayant déclaré la guerre aux Genevois,les habitants de Berne et de Neufchà tel accoururent au secours de ces derniers. Leurs troupes réunies formaient une armée de 7,000 hommes, qui arriva à Genève, le 2 février. Elles quittèrent cette ville, quelques jours après, en se divisant en deux corps, pour aller attaquer le fort de l'Ecluse. L'un d'eux se rendit par Saint- Jullien, sur le mont Vuache, d'où l'on dirigea sur la forteresse un feu d'artillerie, tandis que l'autre occupa la montagne qui la domine au nord et fit rouler sur les as- siégés d'énormes blocs de rochers. La garnison, qui ne se composait que de cinquante soldats, la plupart Italiens, fut ainsi obligée de se rendre, après quelques jours de siège (13 février) et fut menée prisonnière à Gex. Mais les Bernois ne rasèrent point le fort de l'Ecluse, comme le rapporte Golnitz, car ils en gardèrent la possession jus- qu'au traité de Lausanne, de 1564.