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                             BIBLIOGRAPHIE                           375
ainsi que sur les marchés il prélevait les langues de boeufs et les nom-
bles des porcs, et exerçait le droit de banvin, c'est-à-dire le monopole
de la vente du vin pendant le mois d'août. Elle n'en fut pas moins
pour Crémieu le point de départ d'une ère de prospérité, et ce qui le
prouve, c'est que la ville s'agrandit, au commencement du xiv e siècle,
d'un nouveau quartier qu'on appela la ville neuve, par opposition au vieux
bourg, et qu'une nouvelle enceinte fortifiée fut construite. Quant au
chiffre de la population, il fut toujours peu considérable, mille habi-
tants sous Charles VI après une période malheureuse, un peu plus de
2,000 au commencement de la Révolution de 1789. Nous comprenons,
dès lors, les affreux ravages qu'y exerça la peste de 1631, puisqu'elle
enleva à Crémieu huit cents habitants, environ la moitié.
   La charte de 1315 précéda de peu de temps la réunion du Dauphiné
à la France. En 1349, en effet, le Dauphin Humbert II céda cette pro-
vince à Jean, fils de Philippe de Valois, à la condition que le fils aîné
du roi porterait toujours dorénavant le nom de Dauphin.
    Crémieu ne profita pas longtemps de cet heureux événement. Les
 rois de France, pressés par des besoins d'argent, engagèrent plusieurs
fois Crémieu à de hauts personnages qu'on appela pour cela des enga-
gistes et contre lesquels la petite ville eut quelquefois beaucoup de
peine à maintenir ses libertés. Elle n'échappa pas non plus aux désastres
de la guerre de Cent ans et aux guerres de religion. Le Rhône, suffi-
samment large aux environs de Lyon, empêcha bien les Tard-Venus
de pénétrer en Dauphiné du côté de l'ouest, après leur victoire de
Brignais en 1361 , mais il ne put empêcher le prince d'Orange, allié
du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, d'y entrer au nord, par Anthon,
en 1430. L'entreprise ne réussit pas cependant; battu le 11 juin 1430,
près du village de Colombier, par le sire de Gaucourt, gouverneur du
Dauphiné, il ne dut la vie qu'à la vigueur de son cheval, qui lui fit
retraverser le Rhône à la nage. La bataille de Colombier est l'événement
militaire le plus considérable qui se soit passé dans les environs de
Crémieu.
   Deux siècles plus tard, Crémieu eut à souffrir des guerres de reli-
gion. Le baron des Adrets y pénétra plusieurs fois en 1562. Soutenus
par lui, les protestants s'y emparèrent du pouvoir, puis furent renversés
par les catholiques. Ils échappèrent cependant aux massacres qui sui-
virent la Saint-Barthélémy en 1572, grâce à la généreuse résistance de
de Gordes, gouverneur du Dauphiné.