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DANS LE LYONNAIS 27 Sévigné. C'est elle-même qui nous apprend ce détail dans une lettre du 23 décembre 1671. Le nom du prisonnier qu'elle visita à Pierre-Encize demeure donc inconnu. C'était l'habitude de Mme de Sévigné de rester fidèle à ses amis dans le malheur. Elle ne craignit pas de braver de redoutables colères par son attitude lors du procès du surin- tendant, et plus tard, son parent et ami d'Harrouis, tréso- rier des États de Bretagne, mourant après elle dans les cachots de la Bastille, disait que si elle eût vécu, elle aurait été de celles dont il n'avait pas à craindre l'abandon. Pen- dant son court séjour à Lyon, la noble dame n'oublia per- sonne et les fêtes données en son honneur ne l'empê- chèrent pas de se souvenir du prisonnier de Pierre-Encize. Après trois jours donnés à ses amis, Mme de Sévigné quitta Lyon, s'embarqua sur le Rhône le vendredi 29 juillet au matin, sur un bateau conduit par d'excellents patrons auxquels l'intendant l'avait recommandée comme une princesse et alla coucher à Valence. Le lendemain samedi, 30 juillet, à une heure après midi, elle arrivait au petit port de Robinet, à une lieue de Montélimar, où Mme de Grignan vint la prendre dans sa voiture. La mère et la fille séparées depuis un an et sept mois étaient enfin réunies. La distance parcourue de Paris à Grignan avait été de 620 kilomètres. La marquise avait mis à faire ce trajet dix- sept jours, mais il convient d'en retrancher trois pour les séjours à Montjeu et ;à Lyon. Elle avait donc franchi en moyenne 67 kilomètres. La seconde partie du voyage, qui s'était faite par eau depuis Châlons, avait été beaucoup plus rapide que la première. Du reste, le voyage s'était accompli tout entier sans autre accident que la perte d'un des six chevaux de carrosse, survenue à Lyon et qu'elle raconte à sa fille dans la lettre datée de cette ville : « Mon