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32          LES VOYAGES DE MADAME DE SÉVIGNÉ

 « quelle ne désespère point du tout d'aller lui conter les
 « plaisirs de Bellecour, où il y a tous les soirs des violons. »
Précisément cette même année 1672, un voyageur, Jouvin
de Rochefort, visitait Lyon, et voici le curieux tableau qu'il
donne de la place Bellecour dans ses récits de voyages
publiés sous le titre : le Voyageur d'Europe (5) : « La place
« Bellecour est la plus grande de Lyon et la plus divertis-
« santé. De là vient qu'on y voit ordinairement toute la
« noblesse et tout le peuple qui s'y rendent par bandes, car
« c'est où se tiennent des concerts, où se pratiquent toutes
« sortes d'honnestes galanteries, et où se voient mille beaux
« visages et mille personnes lestement vestues, sous les
« beaux ombrages de trois belles rangées d'arbres, qui vont
« de bout en bout de cette place, où elles forment deux
« larges allées, dont il y en a une qui sert de Mail long de
« cinq cents pas. Autant qu'il y a de maisons qui l'envi-
« ronnent, ce sont autant de palais qui regardent une belle
« verdure au milieu de cette place si unie, que de loin on la
« prendrait pour quelque tapis inventé par la mollesse
« turque. » Il n'y a presque rien à changer de nos jours à
ce tableau vieux de deux siècles, si ce n'est que le tapis de
verdure est remplacé aujourd'hui par un sol nu et aride.

                                   Alexandre POIDEBARD.
     (A suivre.*)




  (5) Jouvin. Le Voyageur d'Europe. T. I, p. 50.