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                            BIBLIOGIlAPHll;                          219
l'œuvre méditée et sentie, je dirais vécue, n'était l'abus qu'on fait du
mot, de toute une vie modeste, mais heureuse dans la médiocrité de
ses désirs ; œuvre que l'auteur n'abandonne pas cependant sans une
certaine crainte. Modestie et pudeur délicate qu'on ne connaît plus
guère. Que le poète se rassure, car les nombreux amis qu'il est digne
de compter l'en remercieront bientôt. A une époque qui compte si
peu de caractères et d'âmes fortes, on est attiré vers les hommes
convaincus, qui restent courageusement fidèles à leurs premiers cultes.
De plus, cette longue suite de poèmes et de chants est remarquable en
elle-même, car les longues conceptions sont rares et les volontés
fragiles.
   « Dieu ne fait pas de bruit, » dit l'Écriture; il en est de même de
ces vers qui parlent à la méditation, au silence recueilli que recherche
la pensée. Je ne sais plus qui a défini l'homme : « Un être demi-dieu
et demi-brute. » Ils seront toujours assez nombreux ceux qui s'accom-
moderont à nos faiblesses ; arrêtons-nous donc un peu pour écouter
ceux qui chantent pour le demi-dieu et qui cherchent à entretenir en
nous l'amour du noble et du pur.
  « La poésie ne s'enseigne pas, écrivait Maurice de Guérin. Chaque
poète a sa poétique écrite au fond de l'âme ; il n'y en a point d'autre. »
Qu'on ne s'attende donc point à me voir établir un parallèle à propos
de ces poèmes inspirés de la Bible et de l'Evangile; nos livres sacrés
pourraient, sans en être épuisés, inspirer des générations de poètes
épiques ou lyriques. Il suffit que les poèmes de M. Beauverie aient
leur caractère et leur accent et qu'une intime vertu anime et soulève
ses vers pour mériter notre attention.
   Ces poèmes sont divisés en quatre parties : Poèmes bibliques, Para-
boles, Poèmes évangèliques, Chants bibliques. Le poète a mis au seuil de
chaque livre un Prélude en strophes lyriques, qui non seulement
viennent ajouter par leurs rythmes divers un charme de plus dans
l'ensemble, mais nous trahissent la pureté des sentiments, la noblesse
des goûts et des pensées d'un auteur qui s'efface devant les grandes
figures et les scènes immortelles qu'il évoque. Je tiens à signaler le
premier prélude, l'Inspiration. Cette pièce est remarquable ; l'auteur
y est vraiment inspiré. Lisez-la et dites-moi si elle ne réveille point en
vous le souvenir des Harmonies religieuses de Lamartine ou des Odes
et Poèmes de Laprade ?