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364                       LUTHERIE

voie, et parmi eux, il faut citer les frères Sylvestre. Un
mot sur leur atelier, c'est un souvenir déjà loin de nous, il
a disparu comme Pierre Sylvestre lui-même.
   En face de l'Hôtel de Ville, il y avait, en 1847, un
massif de maisons d'assez chétive apparence, dans l'une
d'elles, au milieu, se fixèrent, il y a quelques années (je
prends cette date de 1847), deux frères laborieux et intel-
ligents venus de la patrie des luthiers, des environs de
Mirecourt. Là, on se serait cru transporté à Crémone, au
bon temps des violons. Là, on était entouré de souvenirs,
sous les regards des compositeurs célèbres, des virtuoses et
des facteurs du temps passé. Les deux frères rabotaient,
coupaient, composaient des vernis, ajustaient le sapin et
l'érable. Pendant leur travail passaient et repassaient des
figures étranges, les uns achetant une corde, essayant un
archet; les autres, installés autour du poêle et dissertant
sur les théories les plus abstraites de l'art musical.
   L'intérieur de l'atelier était donc remarquable par le
beau désordre dont parle Boileau. Point de ces décorations
ambitieuses qui viennent remplacer partout les humbles
boutiques de nos pères ; 'une vieille tapisserie, recouverte
çà et là par des tableaux, des portraits, des bustes, des ins-
truments appendus; un pêle-mêle d'outils et de caisses à
réjouir un amateur de l'imprévu. Quelques toiles de Guin-
drand et de Suttcr, quelques charges de Dantan, le groupe
des sœurs Milanolla. Aussi, il fallait prendre garde devant
ces portraits de tomber dans une hérésie musicale. Du
fond de leur cadre, du haut de leurs supports, ils vous
eussent accueilli par des sourires narquois. On y voyait
donc, le père des luthiers illustres, Duipîopprugar, avec
un air vénérable et une grande barbe, il exerça quelque
temps à Lyon, au commencement du xvie siècle. On cite