Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                     DANS LE LYONNAIS                    123

Le comte de Grignan était amateur d'objets d'art. Il mettait
de grosses sommes à satisfaire son goût, et sa prévoyante
belle-mère lui reprochait parfois en termes assez vifs, ses
folies et ses prodigalités. Pour une fois, elle regrette qu'il
n'ait pas voulu augmenter sa collection, sans qu'il lui en
coûtât rien. Sans doute ce qui semblait une bonne affaire à
l'économie de la marquise, n'avait paru qu'une mauvaise
acquisition au goût éclairé du collectionneur, moins sou-
cieux de son argent que de la qualité de ses tableaux.
   Mme de Sévigné partit de Lyon le n octobre 1673,
accompagnée de toute la famille de Rochebonne. « Je suis
« partie, dit-elle, à 8 heures de Lyon, entourée de tous les
« Rochebonne, que j'aime et que j'estime fort. M. de
« Rochebonne s'en va dans ses terres (au château de
« Theizé), pour donner ordre à ses affaires ; il veut être
« prêt pour la guerre en cas d'alarme. » On était, en effet,
à la veille d'une coalition de l'Allemagne, de l'Angleterre
et de l'Espagne alarmées des prétentions de la France après
l'écrasement de la Hollande. Le 15 octobre, l'Espagne
déclarait la guerre, et Louis XIV ne tardait pas à se
repentir, après la perte d'une partie de ses premiers avan-
tages, d'avoir cédé aux avis et aux exigences de son ministre
Louvois, en continuant la guerre.
    Le soir même de son départ de Lyon, arrivée au premier
gîte, la marquise écrit à sa fille et date ainsi sa lettre :
 « D'un petit chien de village, à six lieues de Lyon, mer-
 « credi au soir, 11 e octobre. » Quel est ce petit village
 situé à six lieues de Lyon, sur la route suivie par les voya-
 geurs allant de cette ville à Paris ? M. Walckenaer, dans ses
 Mémoires, et après lui tous les commentateurs des lettres
 de Mme de Sévigné, estiment que ce doit être la ville d'Anse,
 sur la route de Paris. La même indication est donnée par