page suivante »
56 LETTRES D'mPPOI/ÃTE FLANDRIN miner certain portrait. Cependant le voyage s'est accompli très bien et il y a plutôt un sentiment de mieux. Malgré l'aide de sa mère, notre pauvre Aline est bien fatiguée. Il est temps pour elle que cette longue et cruelle épreuve s'amoindrisse. Priez pour eux et pour nous ! Aujourd'hui nous irons souhaiter la fête au bon maître (3) qui est toujours un peu sous l'influence de la fièvre, et je lui porterai, comme à vous en ce moment, ma nomination dans l'ordre du mérite de Prusse, qui vient de m'être annon- cée par une lettre de M. Cornélius. Honneur qui me rend bien un peu honteux, car vraiment tout cela me vient trop facilement, en comparaison de tant d'autres dont le mérite a tant de peine à se faire reconnaître, et je ne puis sans chagrin reporter ma pensée vers quelques beaux talents que nous n'avons pu récompenser et saluer que par des men- tions honorables ! Ça été pour nous un vrai chagrin, je le répète, mais nous étions dépourvus de tout autre moyen pour leur exprimer notre estime. Cependant, pour en reve- nir à cette décoration, je la porte au cher maître pour la fête ; car il est si bon que j'ai toujours peur de ne pas savoir assez manifester combien nous répondons à son affection. L'autre jour, je lui ai montré trois portraits qu'il a aimés, mais il y en a un dont il s'est emparé, qui lui reste dans l'esprit et dont il parle à tout le monde dans des termes qui me font croire que son esprit et ses yeux l'achèvent et y ajoutent beaucoup. (3) M. Ingres.