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                        DANS LE LYONNAIS                      17

Rhône, de Lyon jusqu'à Arles, où la comtesse devait
rejoindre son mari. « Je vois, dit-elle, ce carrosse qui
« avance toujours et qui n'approchera jamais de moi ;
« je suis toujours dans les grands chemins ; il me semble
« même que j'ai quelquefois peur qu'il ne verse ; les pluies
« qu'il fait depuis trois jours me mettent au désespoir. Le
« Rhône me fait une peur étrange. J'ai une carte devant
« les yeux ; je sais tous les soirs où vous couchez ; vous
« êtes ce soir à Nevers, et vous serez dimanche à Lyon, où
« vous recevrez cette lettre. » « Mandez-moi bien comme
« vous conduirez votre barque. Hélas ! elle m'est chère et
« précieuse cette petite barque que le Rhône m'emporte si
« cruellement. » « L'impatience que j'ai d'avoir de vos
« nouvelles de Roanne, de Lyon et de votre embarquement
« n'est pas médiocre ; et si vous avez descendu au Pont et
« de votre arrivée à Arles, et comme vous avez trouvé ce
« furieux Rhône en comparaison de notre pauvre Loire. »
   En réponse aux nouvelles qu'elle reçoit de Lyon, Mme de
Sévigné écrit à sa fille, le 25 février, à propos de la traversée
de la montagne de Tarare : « Je ne suis pas encore à
« l'épreuve de tout ce que vous me mandez. J'ai transi de
 « vous voir passer la nuit cette montagne que l'on ne
 « passe jamais qu'entre deux soleils et en litière. Je ne
 « m'étonne pas, ma chère, si vos parties nobles ont été
 « culbutées. M. de Coulanges avait mandé au secré-
 « taire de M. du Gué que l'on envoyât une litière à
 « Roanne. Si vous aviez écrit un mot du jour que vous
 « croyez arriver, vous l'auriez trouvée infailliblement.
 « Jamais personne comme vous ne s'est conduite comme
 « vous avez fait, et jamais aussi on n'a laissé mourir de
 « faim une pauvre femme. La prévoyance de la fourmi
 « nous apprend qu'il faut faire des provisions où l'on en
     N» I — Janvier J8S9.