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             LE PROCÉDÉ MUSICAL DE R. WAGNER               443

très patients, mais qu'il n'y a plus maintenant ni philo-
sophie ni philosophes pour diriger le mouvement de l'esprit
humain, discuter ses méthodes, synthétiser ses découvertes,
et lui faire entendre le langage de la raison quand il s'égare.

    « Voici ce que nous lisons dansnos auteurs (page 294) :
«   La peinture, la sculpture, l'architecture, reposent sur
«   des bases solides et presque immuables ; la nature est un
«   frein qui maîtrise les audaces et contient les rebellions ;
«   si l'on veut s'y soustraire, on verse dans l'absurde, ou
«   l'on se condamne au néant ; le poète lui-même, dans ses
«   conceptions les plus grandioses, voire les plus étranges,
«   tient encore à la terre par un côté ; son domaine reste
«   celui de l'intelligible commun à tous les peuples, à tous
«   les temps. Dans la musique, au contraire, point de règles
«   qu'on ne puisse modifier, point de principes qu'on ne puisse
«   éluder, l'imagination seule sert de guide. »
   Cette prétention toute germanique de faire relever la
musique uniquement de l'imagination, ne soutient pas
l'examen. Les limites de cette étude ne nous permettent
pas de nous étendre sur ce sujet. Remarquons seulement
que l'accoustique a des lois comme la mécanique, par
exemple, et qu'un art quelconque, nous le savons tous,
s'appuie toujours sur une science : partant qu'il y a des
points fixes qui servent de support à chacun des arts, comme
il y a des axiomes à la base de chaque science. Or, le son
musical, modifié, nul ne le conteste, par le timbre, par l'in-
tonation, par le rythme et par l'intensité, ne peut échapper
aux lois naturelles et primordiales qui président à la for-
mation de ces divers éléments, pas plus que le minéral ne
peut échapper aux lois de l'affinité, de la cohésion et de
l'attraction sidérale. Il est des principes de direction et des