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SCULPTEURS ET MKDAILLEURS 163 ami le marquis Léon de Laborde a pu dire avec vérité que « notre statuaire moderne a son berceau à Dijon. » L'art de l'école de Dijon a, en général, moins de séche- resse et plus de vigueur que l'art flamand ; on y observe plus de noblesse et un goût plus fin. Lyon était peu éloigné de Dijon, et il serait naturel que l'action des maîtres de l'école de Sluter se fût étendue jus- qu'à notre ville ; cependant, il est douteux que quelques- uns de ceux-ci soient venus s'établir à Lyon ; du moins, nous n'avons trouvé qu'un seul tailleur d'images qui paraisse appartenir à cet atelier : c'est, en 1398, Villequin ou Gille- quin le Flamand. Villequin le Flamand est très probablement le même personnage que Vuillequin Smont, qui était à Dijon en 1393 et en 1394. L'atelier de la Chartreuse devait attirer à lui bien des ouvriers, et la façon originale et neuve dont Claux Sluter représentait la figure humaine et ordonnait l'ornementation de pierre fut vite acceptée. Plus d'un document atteste comme les maîtres français connaissaient bien et suivaient avec attention les travaux faits à Dijon et s'inspiraient des exemples que ces ouvrages leur offraient. Au xve siècle, sur quarante-un sculpteurs qui ont tra- vaillé à Lyon, deux seulement étaient Flamands. Le premier de nos sculpteurs, Jacques Morel, qui fut maître de l'œuvre de l'église Saint-Jean et qui a fait à Souvigny le tombeau de Charles, duc de Bourbon et de sa femme, Agnès de Bourgogne, ne nous paraît pas pouvoir être regardé comme un des maîtres de l'art bourguignon. On reconnaît, il est vrai, dans les statues funéraires de Souvigny, la marque de l'école de Dijon, mais le style de Jacques Morel est très personnel, plus ferme, plus élevé et plus hardi.