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442 LE PROCÈDE MUSICAL DE R. WAGNER « pour offenser rarement la nôtre (2), et qu'en définitive, « il aura plus réussi à charmer notre oreille qu'à la blesser « (3). En tout cas, il serait piquant que l'avant-dernier « mot de la science harmonique fût, tout uniment, la « négation de la règle et la formule du « bon plaisir » ; « le dernier alors risquerait fort d'être la barbarie et le « cahos (4). » Nous ne pouvons voir, dans ces aveux hardis et singu- lièrement significatifs, rien autre chose que la prédication d'un système tendant à la destruction du rythme et de la tonalité. Mais, si la formule du bon plaisir, en triomphant, menace de nous plonger dans la barbarie et dans le cahos, ne vous semble-t-il pas que l'instinct de la conservation doit pousser le musicien à combattre par toutes ses forces une semblable théorie, et les choses étant telles que nos commentateurs les présentent au public, repousser Wagner n'est-ce pas lutter pour la vie ! Que l'art évolue et se renouvelle, c'est sa loi. Mais qu'il se meuve en progressant dans des conditions normales de développement; sans cela le mouvement ascensionnel serait bientôt arrêté. Quand on se met à la remorque des Allemands pour traiter des questions musicales, on s'expose à tomber dans des exagérations d'autant plus grandes que, de l'autre côté du Rhin, il y a des savants et des observateurs (2) C'est ce qu'il faudrait prouver, il n'y a pas unanimité sur ce point, et les adversaires de Wagner sont loin d'être de cet avis. (3) S'il a blessé l'oreille assez souvent pour qu'on puisse mettre en balance la souffrance et le plaisir, il faut donc admettre que ces triples dissonances ou leurs sœurs blessent parfois les oreilles. (4) Qu'y a-t-il de piquant dans cette thèse monstrueuse : Après nous le déluge ?