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92                UNE EVASION* A PIERRE-SCIZE

«    habitée, il recommanda seulement qu'on évitât que je ne
«    fusse aperçu d'un prisonnier qui s'appelait de Livry. Mon
«    nom ne sortait pas de la tête de ce malheureux jeune
«    homme ; il avait déjà fait plusieurs tentatives d'évasion,
«    citant toujours mon exemple, et se plaignant au ciel de
«    ce qu'un homme ne pouvait pas venir à bout de faire ce
«    qu'un autre avait fait. Le bon commandant pensait que
«    son prisonnier deviendrait fou, s'il voyait en personne
«    celui dont on lui avait tant parlé, et dont il parlait tou-
«    jours : nous ne nous sommes pas rencontrés... »

   Ces années de paix et de tranquillité devaient prendre
fin. En 1789, La Fayette, qui commande en chef la garde
 nationale, use en vain de toute son influence pour attirer
 Pontgibaud. .Celui-ci, grâce à son bon sens et à sa logique
 de soldat, n'est pas entraîné par les déplorables théories
de son ancien chef, et il le laisse à ses illusions. Mais les
événements se précipitent, le danger devient imminent, il
faut songer à sa sécurité. Pontgibaud émigré avec son
frère aîné, sa belle-sœur et leurs enfants. On ne croyait pas
à une révolution, on pensait que ces troubles seraient pas-
sagers et permettraient un prompt retour. La famille de
Pontgibaud s'est réfugiée à Lausanne ; elle voit bientôt
s'épuiser les fonds qui devaient être suffisants pour une
courte absence et se trouve dans le plus complet dénûment.
C'est alors que les exilés montrent nn courage et une persé-
vérance admirables. Ils se mettent résolument au travail.
M. de Pontgibaud aîné dessine des broderies que sa femme
exécute. Peu à peu ils arrivent à se faire connaître et à
vendre leurs produits. Bientôt ils ont une manufacture.
Aidés par des négociants de Lyon, qui avaient fui après le
siège, ils entreprennent un vaste commerce sous le nom de