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390 NOTES RETROSPECTIVES Par l'impression touchante qu'elle éveille en nous, cette tête idéale, aux traits nobles et purs, fait accepter en une suffisante mesure, l'improbabilité de sa réalisation. Ce n'est cependant pas là de la peinture religieuse — c'est une réminiscence élégante et moderne des légions séraphiques évoquées par les pieuses imaginations des moines artistes de l'Ecole de Fiésole et fixée par leurs pinceaux immortels sur les murs des cloîtres et des églises italiennes. Un artiste de grand talent, M. Jules Lefebvre, s'est fait un nom par des œuvres de valeurs diverses, au premier rang desquelles est restée célèbre une puissante figure de la Vérité éclairant le Monde, cent fois reproduite depuis sa glorieuse apparition au Salon de 1867. M. Lefebvre a envoyé au Salon lyonnais une page toute mignonne que l'on dirait détachée d'un missel pompéien, si ces deux mots se pouvaient sérieusement accoler. C'est la Toilette d'une mariée romaine, entourée de ses sœurs et de ses amies, qui l'ornent pour le mystérieux sacrifice. Le cadre est tout petit, et la peinture si précieusement finie, qu'on l'a mise sous verre, pour abriter ses tons si fins, du souffle brutal des gens qui se plaisent à regarder les tableaux de trop près. Il y a, parmi ces groupes variés, une figure de petite sœur cadette, en toge vert de mer, regardant son aînée au travers des voiles blancs qui la couvrent, qui est exquise de grâce et de sentiment. Il est aisé de critiquer ce tableau, il est agréable de le louer, il est malaisé de l'oublier. Je ne puis non plus passer sous silence une simple tète d'étude, figure de jeune femme, vue si impitoyablement de face, que le nez semble assis sur lui-même. La tête est sertie