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DANS LE VIVARAIS 337 dans un dicton local qui vise la lourdeur des montagnards vivarois : Bedos, lourdaut, que passant lou Rose a lissa toumba soun esclo ! (Bedos, lourdaud, qui, en passant le Rhône, a laissé tomber son sabot.) D'autres disent : Gavoï lourdaut... ce qui, d'après M. le baron de Coston, pourrait s'appliquer aux gens du Gévaudan qui dansaient la gavotte. Notre érudit confrère fait observer, à ce propos, que les Espagnols des villes appellent gavaschos les montagnards qui viennent passer l'hiver chez eux pour gagner leur vie, comme les Savoyards à Paris. Questionné par nous au sujet de ce mot Bedos, M. le baron de Coston nous répondait en 1887 : » Il est vrai que sur toute la côte du Rhône, dans le département de la Drôme, on .appelle les habitants du Vivarais bedots ou bedocs. Cette dernière forme paraît être la vraie, car on désigne les femmes sous le nom de Bedoces et non pas Bedotes. Les Bedocs traitent les gens de la Drôme d'Impériaux ou d'Autrichiens, à cause de l'ancienne supré- matie des Empereurs d'Allemagne. — D'après Ducange, en 1352, Bedoccus à Nîmes voulait dire étranger. Bedoccius est un nom d'homme commun dans le Gard, l'Ardèche et l'Hérault dans les XII, xm e et xive siècles. On le trouve à Montélimar et à Valence dans le xive siècle. Aurait-on donné au pays un des noms communs à un grand nombre de ses habitants, ou bien bedoc est-il une altération de bec d'oc, analogue à langue d'oc et langue d'oïl, bec étant syno- nyme de langue et ayant aussi la signification : extrémité du Languedoc? Mais cela n'explique pas comment à Nîmes bedoccus voulait dire étranger. Il faut se résigner à ignorer beaucoup de choses. »