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338 UNE ENCLAVE DU LYONNAIS Il est parfaitement exact que le féminin de Bedos, dans la Drôme, est bedosse. Ainsi, une personne de Romans nous disait encore dernièrement que sa mère était une bedosse, de Sarras. Un point essentiel à noter, c'est que le mot de bedos, comme synonyme de Vivarois, est inconnu dans le bas Vivarais. La lettre du curé de Saint-Martial circonscrit net- tement, d'autre part, le pays des Bedos à la partie du Viva- rais rattachée autrefois à la rive gauche du Rhône par des liens de juridictions ecclésiastique, politique ou judiciaire. Or, si l'on songe qu'on appelait au xve siècle bedels et bedaux, non-seulement les bedeaux d'église, mais les offi- ciers judiciaires de second et de troisième ordre, chargés de faire exécuter les sentences, ainsi que les collecteurs d'im- pôts, il n'y a rien de déraisonnable à supposer que le Viva- rais, peuplé, en sa qualité de pays montagneux et pauvre, de gens moins exigeants et plus disciplinables que les riches plaines du Dauphiné, ait pu être alors, comme la Corse aujourd'hui, une pépinière de petits fonctionnaires de ce genre, d'où le nom générique qui serait resté à ses habitants dans la partie limitrophe du Dauphiné. Plusieurs chartes du commencement du xive siècle men- tiennent les bidaudi comme des soldats irréguliers de ce temps, que Ducange croit ainsi nommés parce que leurs principales armes étaient deux dards. Les bidaudi paraissent avoir été les précurseurs des compagnies qui, dans le courant du même siècle, dévastèrent toute la France. Or, il se pourrait que les premiers pillards de ce genre fussent venus en Dauphiné de la rive droite du Rhône, laissant la qualification peu flatteuse de leur nom à la partie du Vivarais qu'ils avaient traversée.