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                      DÉRIVÉS DU RHÔNE                       119

droit de dire que c'est une lourde dépense immédiate., et
une grande chance à courir : à la fois une grande généro-
sité, et une grande témérité.
   Nos finances sont-elles en état de supporter cet énorme
fardeau ? Je ne sais trop si on trouverait le moyen d'éviter
un emprunt. Je ne le crois pas, et cette perspective ne doit
pas sourire au Ministre des finances. Il ne faudrait s'y
résigner que devant une nécessité majeure ?
   Cette nécessité existe-t-elle? Ou bien même, et se plaçant
à un autre point de vue, la grosse dépense ne va-t-elle pas,
par une voie indirecte, produire des résultats tels, qu'il faille
faire un sacrifice immédiat en vue des avantages à venir.
   C'est ce que nous allons examiner.




                  § II. — Intérêt agricole.



   A n'écouter que le Ministre de l'agriculture, on ne de-
vrait pas hésiter. Le Ministre de l'agriculture prodigue des
promesses séduisantes au Ministre des finances : il le con-
sole, le rassure, et l'encourage.
   L'irrigation est, à son sens, la troisième mamelle de la
France : elle sauvera les vignes, développera la production
des fourrages, fertilisera une partie de notre territoire,
augmentera la valeur des terres, enrichira la population;
et, par le circuit des choses d'ici-bas, les droits de douane,
les droits de régie, les impôts sur les transports, sur les mu-
tations, rembourseront au Trésor les sacrifices immédiats :
« Donnez-moi un verre d'eau, dit-il au Ministre des
finances : il vous sera rendu au centuple dans l'avenir. »