Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
ICO              LES CANAUX D'iRRIGATION

   D'abord, réduisons à leur juste valeur ces évaluations
optimistes. Il s'agit de 35 mille hectares, c'est-à-dire à peu
près de la vingtième partie d'un département moyen. Cela
est bon à rappeler : car le Ministre de l'agriculture et les
promoteurs de l'entreprise semblent, quand ils parlent des
services que rendront les canaux, promettre la régénération
de tout le sud-est de la France.
   Cet intérêt local est encore respectable sans doute. Mais
vaut-il les sacrifices qu'on nous demande ?
   Il s'agit pour 35,000 hectares de dépenser 200 millions ;
on fait ainsi un cadeau 6,000 (5,764) francs par hectare à
certains propriétaires.
   Or, au dire des agriculteurs l'irrigation donne environ
3,000 francs de plus-value vénale à l'hectare.
   On fait ainsi à chaque hectare un cadeau de 6,000 francs,
et il n'en profite qu'à concurrence de 3,000 francs : n'est-ce
pas mal exercer sa générosité ?

   Mais, dit-on, il faut moins voir la plus-value vénale, que
la plus-value de rendement.
   La plus-value de rendement ? On l'estime à 200 francs
par hectare. Vous dépensez 6,000 francs, pour avoir
200 francs de revenu. Est-ce un bon emploi des ressources
de l'Etat ?
   Les partisans de l'irrigation ont une manière de présenter
ce dernier argument qui lui donne une certaine apparence :
les gros chiffres ont par eux-mêmes du poids. La Chambre
de Commerce de Valence la formule ainsi : « L'irrigation
de 40.000 hectares ! c'est une plus-value de rendement de
200 francs par hectare, c'est une augmentation annuelle
de 8 millions dans les revenus de la fortune publique ! »
   Pardon : les points d'exclamation et d'affirmation ne