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                   UNE ÉVASION A PIERRE-SCIZE                        47

   Tout en parcourant les rayons pour trouver un livre à
ma convenance, je mets la main sur un volume portant au
dos : Mémoires du comte de M***. Je l'ouvre, et quelle n'est
pas ma surprise de voir, en regard du titre, une vue de
l'ancien château de Pierre-Scize. Cet ouvrage, dont voici
le titre exact, m'était complètement inconnu. Mémoires du
comte de M***, précédés de cinq lettres, ou considérations sur les
Mémoires particuliers. Paris, Victor Thiercelin, 1828,
in-8 (1). Evidemment, il devait y être question de Lyon,
quel rôle y avait joué l'auteur et qui était-il? Je descends
vivement du marchepied sur lequel j'étais, et sans plus
tarder je commence ma lecture. Je ne pus rien découvrir
sur la famille de l'auteur, tous les noms propres étant
indiqués par de simples initiales dans le courant du récit.
Mais il me fut aisé de trouver pour quelle raison la vue de
Pierre-Scize était placée en tête du volume. Le comte de
M*** avait été enfermé dans cette forteresse pour fredaines
de jeunesse. Il s'en était échappé d'une manière très brave,
très hardie, mais à mon avis quelque peu invraisemblable.
   La cloche du déjeuner me fait fermer le livre; ma curio-
sité étant vivement excitée, je m'empresse de demander
à mon hôte s'il connaît l'auteur de ces Mémoires, qui sont
si heureusement tombés sous mes yeux. Mais, je le crois
bien, me répond-il ; c'est M. de Pontgibaud, dont l'arrière-
petit-neveu est mon ami. Si vous désirez quelques éclair-
cissements, écrivez-lui de ma part, il se fera un plaisir de


   (1) Ce volume est rare et presque inconnu à Lyon ; il ne se trouve
ni à la bibliothèque de la Ville, ni dans le fonds Coste. Bréghot du Lut
en fait mention dans des notes restées inédites, qui m'ont été obli-
geamment communiquées par son petit-fils, M. Francisque Bréghot
du Lut.