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                    ÉTUDES   ÉTYMOLOGIQUES                    487

   Un jour, dans l'un de nos voyages à travers les montagnes
du Haut-Bug-ey, nous rencontrâmes une troupe de paysans,
hommes, femmes, enfants, tous un sac sur l'épaule et chemi-
nant péniblement : D'où venez-vous donc ainsi, chargés
comme vous l'êtes, demandâmes-nous à ces braves gens ? —
Ah ! monssu, ne venons maëssuna de la Breissie et ne z'im-
pourtons tchiée no ne z'affanura. E n'y a ben por tota nostra
saison!...
   Cette expression d'affaneurs est parfaitement corroborée
par cette phrase de Ducange : Lugdunensibus affaneurs appel-
lari mercenarios ruri laborantes.
   Mais affaner, qui fait partie des dialectes populaires, et dont
nous regrettons l'omission dans la langue moderne, ne s'est
pas toujours écrit et prononcé ainsi.
   Ducange, que l'on doit consulter pour avoir l'explication
de nos locutions tombées en désuétude, dit que ahans étaient
des terres à labeur, et terres ahanables, des terres cultiva-
bles. Sur d'anciennes gloses et dans le vieux langage,
on trouve ahan pour la culture et ahaner pour cultiver la
terre.
   Pour le besoin de l'euphémisme, particulier à notre peuple,
l'aspiration de Y h a été supprimée en faveur du sifflement
de Vf, plus doux à notre oreille et se prêtant mieux au génie
de notre langue. C'est ainsi qu.'ahan s'est métamorphosé en
a fan.
   Du propre au figuré, il n'y a qu'un pas, et affaner est
devenu l'ancien synonyme de : se fatiguer, se tourmenter
l'esprit, avoir de la douleur.
   Tous ces mots doivent nécessairement avoir un radical uni-
que ; et ce radical est ahan.
   Littré donne ahan avec la signification de grand effort, tel
que celui que fait un homme qui fend du bois ou soulève un
fardeau pesant. Suer d'ahan, c'est faire une chose pénible»
Cette locution populaire était très-usitée jadis. Ahan est un
mot d'origine incertaine, dit-il.
   Diez le regarde comme né en France et passé de là aux