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402 ÉTYMOLOGIE DU MOT DIEU demande pas la forme invocative. Mais j'aime mieux vous exprimer de suite le double étonnement que m'a causé son apparition sous la plume d'un historien ou d'un philologue. Historien,— comment avez-vous pu oublier, mon Révé- rend Père, que la race d'Héber (et plus d'une autre race Sé- mite peut être) s'était interdit de prononcer le nom de Jého- vah,a\x point de le remplacer toujours, dans la lecture des documents écrits où il se.rencontrait par le nom Adonaï ? car si l'on s'interdisait de prononcer le nom incommuni- cable (p. 276—35) sous sa forme simplement indicative, à plus forte raison, devait-on s'interdire la forme invocative, sans doute, parce qu'on avait corrompu, dénaturé, dans les langues étrangères, l'usage de cette forme nominale de Dieu, qui n'en aurait pas moins existé antérieurement ; Philologue, — permettez-moi une question. Si l'un des savants en qui vous aimez à saluer vos maîtres (p. 281—4) dans la science du langage, un Bopp, un Roth, un Max- Muller, s'autorisait devant vous de dérivés concordants pour remonter à une racine qui ne se retrouverait aujour- d'hui nulle part (on le fait tous les jours et pour des cas sans nombre), mais qui, d'après ces données, n'en aurait pas moins eu jadis une incontestable existence, — vous éléveriez-vous contre leurs légitimes inductions, contre le formel témoignage des dérivés produits, pour affirmer que la racine nécessaire, ne se trouvant dans aucun écrit, n'a jamais existé ; que si les dérivés en question ne peuvent aujourd'hui montrer leur racine encore vivante, c'est qu'ils n'en ont jamais eu, c'est qu'ils sont spontanément nés tels qu'ils sont encore ? — Evidemment non, et c'est cepen- dant ce que vous faites pour la forme invocative du nom de l'Etre suprême en hébreu. En vain l'intime union lé- gendaire de la Personnalité divine qui apparaît, dans la tradition profane, sous les deux formes nominales Zeus- pater et Jou-pater, avec le Jéhovah de la tradition sacrée,