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                    LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON                     \ 85

Révolution fut victorieuse et eut arboré le drapeau rouge
sur le dôme de l'Hôtel-de-ville, comme pour manifester le
régime hideux qu'elle se proposait d'imposer à notre mal-
heureuse ville, — elle ne connut plus de frein. Le 6 sep-
tembre, vers deux heures après midi, une bande se présenta,
cette fois, en armes, devant la maison. Sur la menace d'en
enfoncer les portes, un religieux s'avança pour lui parler,
— mais la bande, se disant envoyée par le Comité de salut
public, se rua dans l'intérieur et parcourut tout l'établis-
sement. -Plusieurs religieux, ayant tenté de fuir, furent
arrêtés et consignés sous un hangar, où un poste (1) armé


   (1) Le pouvoir qui s'était imposé à la ville et la terrorisait, pour
donner un semblant de légalité à ses actes d'odieux arbitrage, faisait
exécuter les pillages et les arrestations par la garde nationale. On
réquisitionnait quelques gardes nationaux, mais on avait soin d'y
mêler plusieurs individus sortis on ne sait d'où, confidents secrets
des intentions mauvaises du Comité de salut public, lequel obéissait
aussi à un autre pouvoir occulte. De cette manière, on trompait la
population honnête, qui croyait naïvement que la garde nationale
exécutait des ordres réguliers, — et les gardes nationaux, trompés
aussi par celte ignoble ruse, participaient, malgré eux, aux actes les
plus coupables. C'est ainsi qu'on a fait piller les maisons des Carmes,
des Jésuites et des Frères, à Caluire ; et, c'est par ce mélange d'hon-
nêtes gens et d'hommes sinistres, qu'on a fait arrêter et emprisonner
les magistrats et les notables, le 5 septembre.
   C'est ainsi encore que la garde nationale se fil ndivemeni complice
de l'odieuse arrestation du général Mazure, ordonnée par l'étrange
administrateur qui tenait alors le pouvoir à Lyon. Qui ne se souvient,
avec horreur, de cette nuit lugubre dans laquelle on fit trahir ce géné-
ral par des soldats indignes, qui le livrèrent aux agents de ce pro-
consul, — et des cris sauvages poussés par ces individus, lorsqu'ils
traînèrent ce malheureux général, exposé aux insultes d'une foule
ivre de fureur et de rage, dans une voiture découverte, jusqu'àl'ilôtel-
de-ville ? Quel odieux abus de pouvoir commettait ce dictateur ! et il
faut remonter jusqu'aux saturnales de la Révolution de 1793, pour