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                        VICTOR DE LAPRADE                         131
        Moi, sujet de Louis, paisible, homme de bien,
        Je voudrais aujourd'hui parler en citoyen
        Comme jadis, soldat de Brute et de Pompée,
        Chez les derniers Romains j'aurais porté l'épée ;
        Comme aux pieds de Jésus, prompt à dire : Je crois !
        Chez les premiers chrétiens j'aurais porté la croix.

  L'auteur de Resurrecluris a déjà écrit Fatista. Ce grand
ami delà nature est un grand ami des nations. D'un amour
pur naissent tous les amours'nobles. Polonais,
        Non, vous n'êtes pas seuls livrés aux rois contraires ;
        Partout, à votre insu, naissent pour vous des frères ;
        D'invisibles amis, avec vous conjurés,
        Sans ligue et sans complot, forment des nœuds sacrés ;

        Tous ceux dont votre exemple a retrempé la fibre,
        Qui sous un front chrétien portent une âme libre,
        Et font par leur mépris, calmes et désarmés,
        Envier aux tyrans le sort des opprimés.

   Nous nous souvenons de la Mort du Chêne dans les Odes
et poèmes ; de pareilles inspirations restent " jamais gra-
                                              a
vées dans la mémoire. Et si nous l'avions oubliée, Silva
nova nous la rappellerait.
        Allons revoir la place où tomba le grand chêne
        Dont j'interrogeais l'âme et que j'ai tant pleuré.
        L'herbe a jauni vingt fois et verdi dans la plaine ;
        Et tout, hormis mon cœur, tout s'est transfiguré.

    Oui, tout s'est transfiguré, même dans l'âme du poète.
Il' était parti les larmes aux yeux et le deuil dans le cœur, à
l'aspect du vieux chêne abattu. Il revient joyeux, chantant,
repris par la jeunesse ; a la place où le géant tomba, il re-
trouve, comme il le dit, au lieu du père une immense famille.
Déjeunes arbres y poussent par milliers, enlaçant leurs ra-
meaux pleins de nids et d'ombrage, et la vie se muUiplie sur