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LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON 405 digne de savoir obéir et respecter le pouvoir souverain que de se poser en mécontent et souvent en factieux. L'Angleterre discute souvent avec son roi, mais après s'être inclinée respectueusement devant lui. Du reste, cet esprit communal exagéré porte aujour- d'hui ses fruits.... fruits amers.... et que la ville vient de payer par des millions. Et cependant le passé ne lui sert pas d'enseignement ! ! mais aussi quels tristes jours elle se réserve ! Le roi vint lui-même à Lyon pour suivre de près cette construction. Trois mille ouvriers y travaillèrent, tant la royauté avait hâte « de tenir les Lyonnais en cervelle, » et il ne quitta la ville que lorsque le grand ouvrage fût achevé. Mais les Lyonnais rongeaient leur frein ; ils se sentaient muselés, le lion rugissait dans ses entraves, et, dans une nuit sombre de l'année 1584, ils s'emparèrent, par ruse, de la forteresse de Saint-Sébastien. Le roi, trop faible, n'osa pas exiger la restitution de la place. Il consentit même à sa démolition, « en recevant, dit-il pour masquer « son impuissance vis-à -vis d'une révolte coupable, en « pur don, pour le service et la nécessité de ses affaires, « quarante mille écus d'or. » La citadelle fut aussitôt rasée, elle n'avait pas duré dix ans. Les Lyonnais étaient satisfaits : ils avaient humilié la royauté, et leurs députés, en cour, avaient arraché à leur souverain ce mensonge : « qu'il n'avait besoin d'autre citadelle, à Lyon, que le « cœur de ses habitants .... » Lorsque Henri III vint à Lyon , en août 1584, il y reçut les hommages des notabilités des provinces voisines. Une députation des religieux de la Grande-Chartreuse de Grenoble eut aussi l'honneur de se présenter devant lui. Sur la demande de ces pieux solitaires, le roi décida qu'une maison de leur ordre serait établie à Lyon, et il 8