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* L'ILLUSION ET LA RÉALITÉ Deux jeunes voyageurs, un beau jour de printemps, Joyeux, légers comme on est à vingt ans, Sur les ailes de l'espérance, S'en allaient, pleins de confiance, Vers ce lointain pays qu'on nomme l'avenir, Où le hasard bien souvent nous entraîne Par des sentiers qu'on gravit avec peine A la lueur d'un éclair de plaisir. L'un, dans cet avenir, ne mettait rien en doute; Il n'apercevait sur sa route Que des champs émaillés de fleurs, Que des horizons enchanteurs. La simple et modeste chaumière Qu'ombrageaient le pampre et le lierre, Lui faisait l'effet d'un château. Au pied d'un saule, une bergère Etait pour lui la reine de Cythère ; Enfin, il voyait tout en beau. Mais, lorsqu'il arrivait près du but où son rêve Lui promettait le merveilleux, Il lui semblait ailleurs découvrir encor mieux, Et, prompt comme le flot que la brise soulève, Pousse et rejette loin du bord, Vainement il courait chercher un autre port. 7