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                               POÉSIE.

De chanter et d'aimer, d'avoir au fond de l'âme,
Assez de feu divin, assez de vive flamme
       Pour se faire un charmant foyer,
Un asile où Ton garde encor la souvenance
Des odorantes fleurs promises à l'enfance,
      Que l'on ne saurait oublier.

Mais qu'elle passe donc sans déplorer sa perte,
L'horrible étrangeté qu'on nomme rose verte,
       Cette rose indigne du jour,
Ce produit monstrueux d'une sotte chimère
Offensant la Nature-, une immortelle mère
       Qui créa les roses d'amour !

J'en appelle à ces cœurs épris de poésie
Dont les rêves ont vu les roses de l'Asie,
       Ces douces roses d'Orient,
Ou bien celles du sol aimé de notre France!
Ne faut-il pas gémir, plein de désespérance ?
    ' Mais non.... vengeons-nous en riant !

Rions avec mépris de leur idiotisme
Leur faisant inventer plus d'un vil barbarisme
       Les dotant de stupides fleurs,
Raides, sans nul encens, froides et compassées,
N'ayant rien pour charmer nos regards, nos pensées,
      Dans leurs formes et leurs couleurs.

Non, l'oiseau ne veut pas, car c'est l'amant des roses,
L'oiseau ne veut pas voir de telles fleurs écloses,
        Pour faire honte à ses chansons ;
Il faut au rossignol sa ravissante amie,
Vermeille, au doux parfum, sous la brise endormie,
        Rêvant à de célestes sons !

                                         ADÈLE SOUCHIER.