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               LE PAGE DU BARON DES ADRETS.              443

jadis, le destin de Rome s'était agité ; depuis lors, elle
 avait grandi, cultivant ses champs fertiles, et faisant res-
pecter à ses maîtres ses privilèges et ses libertés. Un
siècle avant, l'empereur Sigismond y avait érigé la Sa-
voie en duché, honneur insigne dont elle se montrait
fière.
   La Savoie, qui craignait la France, et qui jugeait op-
portun de surveiller Lyon, depuis surtout que la grande
cité avait subi le joug des réformés, la Savoie avait, à
Monlluel, une garnison choisie et nombreuse. A la tête
de ses meilleurs gens d'armes et de ses archers d'élite,
étaient, en ce moment, les Viry, les Menthon, les Grolée.
   Parfois on voyait passer un Varax, un Châtillon, prêt
à se mesurer avec un Coligny dont la naissance n'était
pas plus haute, mais dont la fortune avait prodigieuse-
ment distancé la leur, Louise savait quels amis et quels
protecteurs elîe trouverait dans la petite ville savoi-
sienne; en apercevant ses hautes tours, jadis phare ro-
main, aujourd'hui signa! de sécurité et de délivrance,
elle poussa un cri de joie et de la main les montra res-
plendissantes de soleil à son amie qui ne put s'empêcher
de les saluer d'une larme de bonheur.
   Vaillamment, les deux jeunes guerrières poussèrent
leurs chevaux dans le fleuve. Allant d'une île à l'autre,
remontant à travers les broussailles, pour redescendre
au fil de l'eau, tantôt nageant à côté de leurs montures
et les encourageant de la voix et des caresses, tantôt
 profitant d'un gué ou franchissant les obstacles, Louise
et sa compagne domptèrent la vaste rivière et s'appro-
 chèrent de l'autre bord.
    Quel bonheur de se trouver en. sûreté sur une terre