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544 porter à la postérité, le souvenir de leurs belles actions. C'est là une intention noble el utile à la fois ; c'est là un témoignage d e reconnaissance accordé au passé el un encouragement offert à l'avenir. Mais le but est-il alleinl? Je ne le pense pas et lors- qu'on parcourt la plupart de nos rues, lorsqu'on prononce leur nom, la pensée se reporte t-clle jamais à l'homme célèbre qui leur a donné le sien ? « Qui sait que Pouteau fût un des plus grands chirurgiens de son siècle ? que Ravat fût un prévôt des marchands aussi distin- gué par son habileté que par son courage ? Que Jarenle fut un abbé bienfaisant d'Ainay et qu'il fit cession à la ville de la rue quiporleson nom? Que Mazard fut un bienfaiteur des pauvres? Je pourrais multiplier les exemples. Comment faire cesser cet inconvénient, comment graver dans le cœur du peuple le nom du bon citoyen qu'il n'a encore que sur les lèvres ? Cela me p a - raît facile. Pour commencer, je vous propose de placer au-des- sous du nom de la rue Childebert, et sur une pierre polie, ces mots : Childebert, roi de Paris, et son épouse Ultrogolhe, fonda- teurs de l'Hôtel-Dieu de Lyon (549). « Je ne sais si je me trompe, mais celte idée me paraît à la fois morale et philosophique. Cet enseignement en plein air du passé apprendra au peuple l'histoire de son pays; il lui fera connaître les bienfaiteurs de ses pères el dira à ceux qui se dévouent à servir leur patrie avec zèle et désintéressement qu'ils ne seront pas toujours condamnés à n'être payés de leurs efforts que par l'ingratitude et l'oubli. Peu-têlre celle idée, développée par vous, et plus tard adoptée, fera-t-elle le tour de la France, et la plupart des villes reconnaîlront-elles l'utilité de celle histoire lapidaire mise à la portée du plus grand nombre et qui n'est, après lout qu'un acte de recon- naissance et d'intérêt bien entendu. < Je vous propose, messieurs, de renvoyer l'examen de mon • rapport à une commission spéciale composée de irois mem- bres. » Le conseil renvoie à une commission, composée de MM. Seriziat (Henri), Chinardet Falconnet. Nous aimons à croire qu'on évitera tout acte de courtisane- riedans ce nouveau baptême des rues de Lyon. Nous avons suffisamment appris, en nos quarante dernières années, que les pouvoirs passent rapidement et qu'il ne faut pas donner à ces dieux d'un jour plus de place ici-bas qu'ils n'en ont aux yeux de Dieu.