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537 Le Fumeur nous paraît un de ces jeux de brosse et de cou- leur que les peintres se permettent de temps en temps, mais qu'il ne faut pas leur compter pour leur chef-d'œuvre. La Sainte-Famille dans la manière de Breughel de velours est d'une couleur éblouissante, et le Maréchal-Ferrant, le Mar- chand de chevaux, le paysage attribué à Polimbourg sont trois jolis tableaux quelque soient les noms de leurs auteurs. M. de Rocoffort a eu une bonne et noble pensée d'exiger, par son testament, que la statue de Saint Vincent de Paul, qu'il donne à l'hospice de la Charité, fût l'objet d'un concours. N'est-il pas absurde, en effet, de choisir des artistes étrangers pour tous les travaux que la ville fait exécuter ? A talent égal, les nôtres ne devraient-ils pas obtenir la préférence? Si ces grands maîtres de la capitale nous donnaient encore des chefs- d'œuvre!.... mais, hélas ! voyez noire J a c q u a r d ! . . . •—Outre les beaux tableaux du Guaspre qu'on admire au Musée maintenant et que M. Christophe a fort adroitement restaurés, la maison Puilata possédait aussi quelques beaux tableaux de fleurs qu'on présume de Monnoyer (dit Baptiste), que sont-ils devenus ? M. Bonnefond, à la louable persistance duquel nous devons l'acquisition des Guaspres, ne les a sans doute pas vus. Qu'on n'aille pas maintenant, pour complaire au pouvoir, lui laisser prendre nos Guaspres pour le musée de Versaille, comme M. Martin s'est laissé enlever nos deux Vander-Mew- ler. Il faut convenir qu'on a été pour lui plein de reconnais- sance, et pour nous aussi. Nous avons eu la Fête du grand-père de Genod, et les Moines de Jacquand. Meici ! — On assure que l'administration des Beaux-Arts ne veut mettre aucun des tableaux du Musée en entrepôt, ce qui expli- querait la quantité de choses indignes qui l'encombrent; a u - rait-on fait une exception à cet arrêté pour le portrait de la maîtresse du Titien, qui a disparu depuis fort longtemps. Il serait bien temps de le restituer à sa place. —Notre belle statue équestre de Louis XIV a subi l'influence de notre climat délétère. Une des jambes du cheval trahit par une large fissure l'altération du fer qui lui sert de support. Il est à craindre que, si l'on n'y porte un prompt r e m è d e , la sta- tue, perdant son équilibre, ne vienne quelque jour à être ren- versée. Les beaux ouvrages sont assez rares à Lyon, même depuis la statue de Jacquard, pour que le chef-d'œuvre de Lemot obtienne toute la sollicitude de l'autorité. Pourquoi les deux admirables groupes de Coustou, le Bhône et la Saône, si mal placés dans le vestibule de l'Hôlel-de-Ville, ne sont-ils pas redevenus les brillants et utiles accessoires de la statue de Louis XIV :' Lemot, dans sa modestie, a bien p u , de son vivant, s'opposer à celte adjonction qu'il redoutait;