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présentait cette matière, était de savoir aux frais de qui de-
vaient être nourris, entretenus, élevés les enfanls abandonnés.
   Dans les premiers t e m p s , alors que la force était presque
toujours la règle unique du droit, les enfants exposés a p p a r -
tenaient, comme esclaves, à ceux qui en prenaient soin ; les
services qu'on en espérait, le bénéfice que leur vente ou la
cession qu'on en pouvait faire devait procurer, étaient re-
gardés alors comme une compensation légitime des soins
qu'on leur avait donnés, des dépenses dont ils avaient été
l'objet, et nous devons peu nous étonner que cet usage ce fût,
à une époque de barbarie, universellement répandu, puisque,
plus tard, et sous notre Empire de quinze a n s , les enfants
mâles, élevés p a r l a charité publique, étaient, aux termes d'un
décret., mis à la disposition du ministre de la marine, sans être
appelés à courir la chance du sort; par cela seul que l'Etat
les avait recueillis, élevés, entretenus, ils étaient mis en
dehors du droit commun ; cela ne ressemble-l-il pas un peu à
l'esclavage ?
   Justinien trouva cet usage établi ; il l'abolit par une loi qui
déclare libres tous les enfants exposés, qu'ils appartinssent à
des parents de condition libre, à des affranchis, à des esclaves.
   Cette déclaration, en changeant si profondément le sort
des enfants exposés, amena la nécessité de pourvoir à leur
subsistance autrement que par le sacrifice volontaire de quel-
ques familles, de quelques individus.
   L'Eglise, dont la puissance était alors si étendue et à la-
quelle étaient réservés les actes de grande chariLé, fut long-
temps chargée du soin de pourvoir à la subsistance et à l'é-
ducation des enfants abandonnés ; mais à une époque plus
rapprochée de la nôtre, elle essaya de se débarrasser d'un
fardeau qui, sans doute, devenait bien lourd. Plusieurs arrêts
témoignent de ses efforts ; elle voulut, s'appuyant sur l'art. 73
de l'ordonnance de Moulins, comme nous verrons plus tard
un ministre de 1832 s'appuyer sur une loi de l'an V qui r e -
produit, dans son esprit, l'article de l'ordonnance, elle voulut,