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496 limité qui le lie à Dufresne, lai fortune de Murinlle s'écroule ; son bonheur domestique est détruit. Son cœur, d'abord égaré, est bientôt corrompu ; car ce faible caractère dominé par un égoïsme intéressé et par une basse ambition est impuissant à conserver les honorables principes qu'il possédait autre- fois. Au milieu des sombres et des frivoles caractères qui animent ce drame, la belle et tendre Adeline brille d'une douce et pure clarté. Son aimable portrait est tracé avec une déli- catesse parfaite. Elle se présente comme la bonté même personnifiée sous une figure de femme., au milieu de mé- chants et de fous. Mais, hélas ! cette gloire est ternie ! En vain, Edouard reçoit de nombreux avertissements sur les coupables projels et sur les vices de Dufresne; plus il se sent enfoncer dans l'abaissement, plus il s'attache à sa fatale ami- tié. Livré à une vie déréglée, il ne peut se passer de la pré- sence du compagnon de ses débauches. Enfin par un hor- rible artifice, Dufresne commet un infâme outrage contre Adeline. Cette infortunée jeune femme est innocente et pour- tant déshonorée ! Nous avouons qu'en dépit du talent avec lequel les circons- tances de ce crime sont tracées, nous considérons l'idée de cet incident comme une faute de l'auteur. Nous sommes ré- voltés et choqués, sans que rien justifie la nécessité de nous imposer ces pénibles sentiments ; car la leçon de morale donnée par cet histoire eut été aussi complète en écartant ce douloureux épisode. Depuis ce crime détestable, le génie solitaire qui veillait encore sur la vie de Murville cesse d'exercer sa douce mais trop faible influence ; l'infortunée Adeline se retire à la cam- pagne avec sa fille. Dès ce moment, quoique Edouard n'ait pas encore découvert les tromperies de son compagnon, l'espérance s'évanouit, et le drame n'offre plus au lecteur qu'un intérêt inspiré par la terreur et l'anxiété. Déshonoré par son ami, trompé par ses ignobles maîtres-