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488 la vertu, qui peut aussi bien être pratiquée par le sage qu'affee- tée par l'hypocrite; et nous accordons enfin que l'on peut conte- nir dans de convenables limites les passions matérielles même en remplissant ses devoirs avec indolence et en négligeant de faire tout le bien dont on serait capable. Mais on ne saurait tirer de nos concessions cette conséquence qu'un écrivain honnêteet judicieux soiljustifiable de violer les convenances par faiblesse pour un mauvais principe. Un auteur ne saurait être excusé s'il s'écarte du décorum, quoique le décorum soit souvent une transaction intéressée ayant pour but de prévenir les ré- criminations d e l à société contre une conduite blâmable. Et d'ailleurs, un homme qui a la prétention de nous rendre meilleurs ou plus heureux ne mérite aucune indulgence, si, de propos délibéré, il abaisse ou affaiblit les barrières que les femmes, et même les hommes, ne peuvent transgresser sans s'exposer à des peines sévères et à de poignants remords. Peut- être, en France, ces peines et ces remords sont-ils moins sévè- res qu'en Angleterre, mais nous ne pensons pas que, même en France, aucun auteur essaie de nier que la rigide observation par les femmes des sentiments de pudeur et de chasteté, ne soit intimement liée avec l'honneur du caractère public et avec la paix de la vie domestique. Quelques écrivains français, parmi lesquels il ne faut pas compter Paul de Kock, affectent de déplorer l'erreur que nous combattons tout en y participant eux-mêmes. A les entendre, ils voudraient opérer une utile réforme, ils con- sidèrent cela comme un devoir, et ils prétendent avoir le droit de poursuivre ce but par tous les moyens. Mais de mê- m e qu'un h o m m e , entraîné par un vif désir de voir établir une république, commettrait un crime plus qu'ordinaire s'il sacrifiait la vie de quelques-uns de ses concitoyens dans une conspiration sans succès possible contre les institutions m o - narchiques, de même un écrivain qui condamne de bonne foi cette rigidité, salutaire à notre avis, avec laquelle nous identifions l'honneur et la vertu des femmes, se rend coupa-