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477 Ce principe, le bon sens ne l'a jamais abandonné, la science et la philosophie ne l'ont reconnu absolument, et ne s'y sont soumises sans restriction que dans les temps modernes. Le christianisme ne lui a jamais été infidèle, et c'est ce qui fait son infaillibilité. Et l'infaillibilité, pour le dire en passant, n'est pas, il s'en faut, le caractère exclusif du christianisme ; il est aussi celui du bons sens, de la science et de la philo- sophie, quand ces trois choses sont légitimes. A quoi tient donc celte infaillibilité ? quel est donc ce principe merveilleux qui l'assure, qui la crée ? Ce principe est celui de Vautorité des faits. On a beaucoup parlé, déclamé, argumenté contre l'autorité, et l'on a soutenu qu'il est indigne de la raison de s'abjurer elle-même devant l'autorité, et que, de plus, c'est une absurdité. Et moi, je dis la même chose; s'il s'agit de l'autorité de ïhomme, quelque soit cet homme, fût-ce Aris- tote, fût-ce Vollaire, fût-ce, je le nommerai, Lamennais* Mais j'ajoute qu'il est une autorité devant laquelle nous nous inclinons dans tout ce que nous croyons, une autorité à la- quelle il faut bien nous soumettre, sous peine de ne croire absolument à rien ; j'entends l'autorité des faits. Homme de bons sens, savant, ou philosophe, je vous le demande, croyez-vous à quelque chose, si ce n'est par l'auto- rité des premières données, premières données que vous constatez, que vous prouvez, que vous établissez, mais que vous ne démontrez point ? En voici des exemples. De tous les moyens de connaissance, nul n'est employé plus habituellement que les sens. Or, pourquoi croyez-vous que ce que vous croyez, est ? Est-ce parce que votre raison veut bien permettre que cela soit ? Mais votre raison admet aussi bien que cela ne soit pas. Voilà un corps rond et blanc; mais je le conçois tout aussi bien carré et noir. S'il n'y a donc pour dé- cider que les répugnances de ma raison, l'embarras est grand, puisqu'elle ne répugne pas plus à l'un qu'à l'autre. Je crois