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 tu lieu de quinze, treize et douze, comme avait lu M. Artaud.
     Pour les personnes qui sont peu familiarisées avec lo langage de
  l'antiquité romaine, je dois peut-être expliquer cette phrase SPOR-
 TVLAS DEDIT, qu'on vient de lire dans les deux inscriptions de la
 place Saint-Michel, et qui se lie avec ce que j'ai dit sur les lettres
 numérales indiquant une distribution d'argent. Il en est souvent
 question chez les anciens écrivains de Rome, et les matériaux qu'ils
 nous fournissent pourraient faire le fonds d'une dissertation intéres-
 sante. Je ne citerai pas la XXVIIe de celles qui ont été publiées à
 Venise par le libraire Groppo, et qui a pour titre : Begli obelischi,
 délia voce SPORTULA, etc. : elle ne mérite pas d'être lue; mais je ren-
 verrai à Juvénal, celui des écrivains latins qui a donné sur cet objet
 le plus de détails. On sait assez généralement que, sous le nom de
 sportula qui dans le sens propre veut dire « une petite corbeille, »
 les Romains entendaient certaines distributions de comestibles faites
 à des clients, et pour lesquelles d'abord chacun apportait cet usten-
 sile domestique. On sait moins généralement que cette appellation
 passa aussi à des largesses faites en argent, dans quelques occasions
 solennelles ou publiques, par des hommes riches et honorés. C'était
 quelquefois une sorte do droit d'assistance pour les membres des
collèges et des corporations, comme dans les circonstances auxquelles
se rapportent nos monuments lyonnais. Des passages d'auteurs an-
ciens que je pourrais recueillir sur ce point d'antiquité, je me con-
tenterai d'un seul, qui sera suffisant, d'autant qu'il dit beaucoup en
peu de mots. C'est un morceau d'une des lettres que Pline le jeune
adressait à Trajan lorsqu'il gouvernait pour ce prince la province de
Bithynie; elle roule sur cette coutume, et a pour titre De divisione
sportularum. Qui virilem togam sumunt, dit-il à l'empereur, vel
nuptias faciunt, vel ineunt magistratum, vel opus publicum dedi-
cant, soient totam bulen atque etiam e plèbe non exiguum nume-
rum vocare, binosque denarios, vel singulos dare, etc. (1).
    De toutes les données que nous fournissent ces diverses inscrip-
tions, il résulte que les marchands de vin étaient nombreux dans
notre ville à l'époque romaine : il faut bien qu'il en soit ainsi, puis-

  Ci) Episl. X, 117.