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 quand, par hasard, ces feux de houille qui brûlent encore
jour et nuit venaient â s'éteindre. Un passant distrait y al-
 lumait sa pipe comme à un bureau de tabac. Lorsque la
 cloche publique avait sonné le couvre-feu et la fermeture
 des cabarets, on entendait dans la nuit de fort longues
 conversations engagées avec Clapé. C'étaient de savantes
dissertations. Tantôt la voix de l'interlocuteur était haute
 et tantôt basse. Les vives allocutions dégénéraient par-
fois eu tumulte. On voulait avoir raison des réticences de
Clapé, de son mutisme. Ces retardataires avinés le priaient
de rire, de chanter, de danser, et surtout on voulait que
cette marmotte de Clapé ne dormît pas toujours. Le mari que
le jeu ou le vin retenait donnait pour prétexte Clapé. La
jeune fille dissimulait un rendez-vous par une farce faite à
Clapé. Clapé portait tout.
    Un jour, Clapé, par un temps noir fut pris pour un cor-
donnier. Un voiturier avait besoin d'allumer son fallot ; il
heurta chez Clapé. — Monsieur le cordonnier, ouvrez-moi,
s'il vous plaît ! — et Clapé n'ouvrait pas. Clapé fut
cause d'une avarie au chargement et d'une retenue sur la
bonne lettre de voiture. Il fut cause de mille insultes et d'une
mauvaise réputation faite aux gens du pays. Le voiturier les
trouvait cruels, durs, inhospitaliers, peu serviables ; il jurait,
pestait, battait son ane et son cheval. Clapé valut tout cela à
ses concitoyens ; mais le voiturier, dans ses imprécations, sut
faire à ce mauvais St-Crèpin une large part de ses malé-
dictions. En quinze minutes il donna notre Clapé mille fois
au diable et réveilla tout le quartier.
    La position de Clapé était toujours fausse. On lui deman-
dait de faire plus qu'il ne pouvait. Les ivrognes exigeaient
de lui une conduite à domicile. C'était trop demander. Il
n'était pas rare que les confrères du Saint-Ciboire, du Saint-
Rosaire, de la Bonne-Mort, se prissent de querelle avec lui, Ã