page suivante »
398 Le saint Sépulcre de Saint-Chamond avait cet avantage sur celui de Saint-Etienne, que l'artiste, afin d'atténuer dans son œuvre l'horreur sacrée poussée jusqu'à l'effroi, avait eu le bon esprit de placer au pied du saint tombeau une petite sentinelle accroupie, dormant, ronflant du plus profond sommeil. A ce factionnaire le ciseau du sculpteur avait su donner une altitude si singulière qu'il était bien difficile, en la voyant, de se garantir de certaines explosions d'hilarité, malgré la sainteté du lieu. Il le fallait bien, ce personnage, pour les pauvres petits enfants que l'on menait au Suaire. Car, si le Christ a de- mandé qu'ils vinssent à lui, c'était alors qu'il avait des habits blancs comme la neige et que la majesté divine rayonnait sur son visage ; c'était bien avant que la mort eût décomposé ces traits d'ange où la douceur n'excluait ni la force, ni la puis- sance ; ou bien il les voulait lorsque, enfant lui-môme, couché dans l'étable sur de la paille, réchauffé par l'haleine d'un bœuf, le sourire sur les lèvres, il pouvait crier vers eux et leur tendre ses petits bras sauveurs. Le Christ mort n'est pas pour les enfants ; dans la bière, le Christ fait peur, mais dans la croche, voilà leur Dieu, voilà celui qu'ils aiment. Qu'aux endurcis, aux Publicains, aux Pharisiens du jour il faille de telles images, et avec ces images la parole de Bridaine, il n'y a rien de trop ; mais sachons ménagera la fragilité de cet âge la terreur de telles contemplations. Assez de ces réflexions ; revenons à notre petite sentinelle endormie. Tous les chrétiens savent qu'à la nouvelle delà ré- surrection du Christ, les princes des prêtres et les sénateurs donnèrent vite une grande somme d'argent aux soldats en leur disant : « Dites que ses disciples sont venus la nuit et « l'ont enlevé pendant que vous dormiez, et si le gouve-r-