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258 des futilités que l'on prisait si fort pendant les derniers siècles. L'art héraldique, par exemple, l'une des premières victimes de la révolution, n'a jamais pu se relever au milieu d'une société populaire comme la nôtre ; ni les efforts que Napoléon tenta pour se reconstituer une noblesse à lui, ni le zèle avec lequel les Bourbons tâchèrent de reprendre les choses au point où ils les avaient laissées , ni la soif d'honneurs et de distinctions, qui, après la soif de l'argent, caractérise le mieux notre époque, rien n'a pu reconstituer en France le blason déchu, rien n'a pu lui rendre un peu de ce lustre positif et glorieux dont il avait brillé pendant sept siècles. Un vent fatal a soufflé sur lui, et le voilà devenu une ruine comme tant d'autres. Mais toutes les ruines ne sont point méprisables; ce qui ne convient plus à tous peut convenir encore à quelques-uns; et, pour avoir été dédié à un Dieu désormais inutile, un monument n'en est pas moins précieux à connaître. Sept cents ans de durée sont un titre, sans doute; les antiquaires s'attachent bien souvent à des vestiges moins respectables: Le blason en a d'autres encore ; tout ce qui était grand jadis lui fut attaché; d'illustres maisons n'avaient souvent pas d'autres parchemins que leurs armoiries; le courage, la science, la vertu, le génie dépendaient presque toujours de lui, ou ne tardaient guère à recevoir sa haute sanction. Pour nous qui nous en soucions peu, à l'heure présente, sous le rapport positif, parce que nous sommes bien de notre siècle, nous professons pour lui un grand respect, respect d'archéo- logue, cela va sans dire ; et, tant il est vrai que le fond règle la forme, dès que nous fouillons ces vénérables souvenirs, nous sentons notre phrase devenir grave, s'arrondir malgré nous, et notre style emprunter une allure magistralement empesée aux panégyristes héraldiques. Nous confesserons donc que le blason, cette science morte,