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 Fourier n'aurait pas résolu le problème qu'il se proposait
 de résoudre, celui de la conciliation du plus grand ordre
 possible avec la plus grande liberté possible. Mais il démontre
 que cet ordre s'obtiendra par la liberté, et cette démons-
 tration est la partie la plus originale et la plus remarquable
 de toute la doctrine. Non-seulement cette organisation de
 toutes les fonctions, de tous les travaux, ce concours de toutes
les volontés et de tous les intérêts s'obtiendra sans aucune
 contrainte, mais encore il sera le résultat du libre dévelop-
pement de la volonté, des goûts et des inclinations de chaque
individu. Peut-être le fouriérisme se fait-il quelque illusion
en s'imaginant créer un état où chacun, sans jamais nuire
à l'intérêt général, pourra agir en toute liberté, où il ne sera
besoin d'aucune espèce de contrainte, d'aucune espèce de
répression sociale ; mais il faut reconnaître que, dans la com-
mune telle que nous l'a décrite M. Victor Considérant, le
besoin de la répression se ferait bien moins souvent et bien
moins vivement sentir que dans la commune actuelle. Tous
les intérêts étant associés, de combien de délits contre les
choses et contre les personnes la cause ne se trouverait-elle
pas par là même entièrement détruite ? La plupart des con-
sidérations dont se sert Fourier pour prouver que l'ordre
dans le travail, l'ordre dans toutes les fonctions de la com-
mune, loin d'être incompatible avec la liberté en seront les
résultats, reposent sur des observations exactes qui supposent
une connaissance approfondie des instincts et des passions
de la nature humaine. Il sera libre à chacun dans la pha-
lange de faire ce qui lui plaît, et cependant toutes les
fonctions seront divisées et remplies, personne ne vivra au
dépens des autres, chacun ^travaillera, chacun par son acti-
vité concourra au bien général. Mais cette classe nombreuse
d'individus dont le goût prédominant est le goût de ne rien
faire, ne se livrera-t-elle pas aux douceurs d'un repos sans fin,