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creusets, et qui se dissipent un instant après dans les a i r s , si
une main habile ne vient saisir cette vapeur, la condenser,
l'emprisonner dans un cristal pur, où tout le monde puisse la
voir, et la toucher.
   Telles sont donc les deux conditions essentielles que
j'exigerai d'un poêle pour le recommander à votre attention.
Une grande idée et une belle forme : c'est là ce que nous
aurons à étudier dans la poésie italienne.
   Ce n'est pas que je prétende exclure de celte étude littéraire
toute considération historique. Loin de là; l'histoire y trouvera
sa place, seulement elle n'envahira point une place étrangère.
Le poète n'est pas un être isolé dans son siècle. Il ressenties
passions et les intérêts de ses contemporains, il les ressent
plus vivement que personne : il les élève à leur idéal. Ce qui
les louche le frappe ; ce qui les échauffe l'enflamme.
         Et chaque événement, en frappant sur son ame ,
              En fait naître un sublime accord.
Mais ce point de vue qui montre dans un écrivain le contre-
coup des agitations contemporaines n'est ni le plus élevé ni
le plus vaste. Il doit faire partie d'une élude littéraire et non
la constituer. Car si le poêle est l'expression de son siècle , le
siècle lui même n'est que l'épanouissement d'un des éléments
éternels de la nature morale.
    Mais, parmi tous ces germes précieux qui féconde le génie
des grands poètes, il en est qui leur est commun , qui diver-
sifié à l'infini dans sa forme est toujours le même dans son
p r i n c i p e , comme un rayon de l u m i è r e , coloré par différents
milieux. J e veux parler de la poésie, cet attribut, l'un des plus
glorieux de l'espèce h u m a i n e , ce phénomène, l'un des plus
intéressants de l'esprit: ce sera, comme je l'ai annoncé, l'objet
principal de nos éludes.
   Mais comment vous le définir, comment vous en donner ici
une idée. C'est en vous mêmes , MM., que je veux en chercher
les traits , c'est avec vos souvenirs les plus suaves, avec vos
émolions les plus nobles que je voudrais en composer l'image.