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partie damas et velours; c'est dans cette église qu'est conservé
la momie de Jayme d'Arragon, roy de Mallarca, mort en 1311.
Le corps, habillé d'une robe mauresque, est étendu dans une
vasque derosso antico. Les deux chaires où se lisent l'épitre et
l'évangile, sont remarquables par leurs sculptures ; la plus
grande est entourée d'un bas-relief représentant l'histoire de
la Vierge, d'une excellente exécution. On retrouve dans le tra-
vail des stalles des chanoines quelques-unes de ces bouffonne-
ries fantasques dont les artistes du moyen-âge ont laissé de si
curieux exemples à Saint-Pierre de Caen, à Saint-Spire de Cor-
 beil, etc., etc.
   On a conservé des planches dorées portant des sentences du
Coran, et un lustre du travail le plus précieux, orné d'œufs
d'autruches et de boules de cristal, qu'on prétend avoir servi
dans la grande mosquée que Ferdinand consacra au culte ca-
tholique ; on montre, dans le trésor de l'église, le pesant reli-
quaire de Catherine Tomaza, patrone de l'île, et six magnifi-
ques flambeaux sculptés par Benvenuto Cellini. Rien de re-
marquable en peinture, si non deux tableaux singuliers par
leur composition: dans l'un on voit le réfectoire d'un couvent,
où Jésus-Christ sur un nuage offre un morceau de viande au
bout d'une fourchette et une assiette de potage à une religieu-
se qui refuse respectueusement. L'autre représente un Christ
dont le haut du corps se détache de la croix et s'incline pour
réveiller un saint que le sommeil a surpris dans ses médita-
tions. Ces naïvetés qui blessent nos idées plus sévères en fait
d'art et de religion, sont lout-à-fait dans le goût espagnol, et
se retrouvent chez des artistes d'un ordre plus élevé que ceux
auxquels on doit les tableaux de la cathédrale de Palma; Mu-
rillo a peint l'enfant Jésus donnant un morceau de pain à un
 mendiant, tandis qu'une troupe d'anges paraît au seuil du pa-
 radis qui s'entrouvre, portant autour de leurs bras des couron-
 nes de brioches appétissantes.
  Nous citerons encore une haute tour carrée lout-à-fait r o -
 maine , et une maison mauresque que la tradition désigne