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Lions pour la bataille, anges pour l'amitié,
Quand Dieu vous conduira libres, sans autre maître,
Pour venger tous vos morts.... et pour mourir peut-être!
Le moins digne entre ceux qu'alors vous choisirez,
Oh! frères, n'est-ce pas que vous m'emmènerez?
Vous savez ! je ne suis qu'un poète qui rêve ;
Je n'ai pas, comme vous, tiré l'éclair du glaive;
Enfant, qui n'avais plus rien de chaud que le cœur,
Lorsque vous combattiez, je mourais de langueur;
Je ne sais pas comment je ferai mon étape,
Mais l'ardeur restera, si la force s'échappe.
Allez ! je n'aurai pas besoin de l'éperon,
Le jour de la mêlée, à l'appel du clairon !
Frères ! sur un caisson, sur un affût, qu'importe!
Pourvu que dans son camp la liberté m'emporte;
Qu'on me jette à l'avant, à l'arrière, partout,
Mais qu'à votre pays je donne un sang qui bout !
 Vous me trouverez bien un vieux sabre, une enseigne,
 Un tambour oublié près d'un soldat qui saigne,
 Et, le signal donné, devant la ligne en feu,
 Je vous battrai la charge, en criant : Gloire à Dieu !
 Et puis, lorsqu'en plantant votre aigle rajeunie
 Sur le dernier rempart où meurt la tyrannie,
 Une dernière balle, en me frappant au cœur,
 Fera partir mon ame avec un cri vainqueur;
 Mon poète, et vous tous qui reviendrez de France,
 Vous que j'ai tant aimés dans vos jours de souffrance,
 Et nos frères d'ici qui parmi vous seront,
 Pour adieu vous mettrez un baiser sur mon front ;
 Dans notre saint drapeau troué par la mitraille,
  Vous m'ensevelirez sur le champ de bataille,
  Et quand vous chanterez vos chants de liberté
  Vous parlerez de moi libre et ressuscité !




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