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178 C'est là que son étoile est. visible à ma flamme, Et répand pour moi seul un jour paisible et doux -, C'est là qu'entre la vie et la tombe à son ame Mon ame donne rendez-vous. Il faut qu'en son essor elle soit bien rapide ; Car, malgré le chemin qu'elle doit parcourir, A mon premier signal, toujours prompte sylphide, Toujours je la vois accourir. Et telle qu'autrefois avec sa robe blanche, Sa démarche rêveuse et ses cheveux flottants, Et son front gracieux qui sourit et se penche Sous les fleurs de seize printemps. C'est que la région où son esprit habite, N'est point comme nos champs stériles d'ici-bas Où tout se décolore et se fane si vite; Le temps n'y peut porter ses pas. Immortelle beauté d'un monde fantastique, Il semble que son pied, en un printemps divin, Se soit arrêté comme en un cercle magique, Autour du quel il tourne en vain. Et bien que le tombeau nous sépare, et que l'âge Sans cesse m'en éloigne, et de ses doigts pesants Effeuille ma jeunesse, elle n'est point volage : Son amour a toujours seize ans.