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          SCÈNE X .                                  SABINE.
                                          Monsieur, comprenez moi bien.
OLMERS, SABINE, SPERLING.               Depuis cinq semaines j'ai attendu
OLMEES s'arrêtant avec surprise.        que mon amant vint faire sa de-
  Je vous demande pardon... on          mande, mais il s'est tu.
ne doit pas troubler un si doux
                                                   SPERLING.
entretien... (Sperling se lève.)
             SABINE.
                                           Il s'est tu , rusée ! Mes yeux
  Cela ne signifie rien. Appro-         no parlaient-ils pas.
chez-vous.                              OLMERS qui commence à com-
      OLMEES amèrement.                              prendre
   Cela ne signifie rien ! Il y a          Peut-être se taisait-il, pour
bien des gens à qui une telle vue       tout préparer ?
paraîtrait très significative.                     SPERLING.
            SPERLING.                      C'est cela, monsieur, on tra-
   Et sans doute ! il faut que vous     vaille encore à ma future habi-
sachiez, monsieur, qu'après une         tation. Je loge à présent dans
éternité de deux années, l'amour        une mansarde chez monsieur le
fidèle triomphe enfin.                  vice président du Consistoire.
             OLMEES.
                                                    SABINE.
  En vérité? Je vous souhaite
                                           Il aurait pu me faire parvenir
du bonheur.
                                        ses nouvelles par une tierce per-
            SPERLING.
                                        sonne.
   Si vous restez près de nous
                                                   SPERLING.
quelques semaines, vous assiste-
rez à une fête où l'amour et l'hy-        Tous les jours ne tombais-je
men s'embrasseront fraternelle-         pas à vos genoux ?
ment.                                               OLMERS.
            OLMEES.                       Peut-être obéissait-il fidèle-
  Tout de bon ?                         ment à un ordre formel, que la
             SABINE.                    modestie lui avait imposé?
   Oui, monsieur. Et je le désire                  SPERLING.
de tout mon cœur.                         Vous avez deviné, monsieur!
            OLMEES.                    Lorsque mademoiselle visita la
   Quelle aimable sincérité   ! Na-    Capitale, elle me défendit expres-
turellement, je resterai      assez    sément, de lui envoyer mes sou-
long temps ici, car je dois   rece-    pirs par la poste.
voir quelque compensation      pour                 SADINE.
ma voiture brisée.
                                          On pouvait toujours se confier
             SABINE.
                                       à une cousine dévouée.
  Je ne suis pas encore fiancée,
mais j'espère l'être bientôt.                      SPERLING.
            OLMERS.                      Adorable Sabine, toutes nos
  Vous ne le seriez pas encore ?       cousines sont des bavardes.
Vous aimez plaisanter.                             OLMEES.
           SPERLING.                       Peut-être pensait-on aussi
  Un simple jeu à la suite des         avoir donné assez de preuves
grâces.                                d'amour et de fidélité, pour nié-