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En 1813 il est journaliste. Il avait recueilli de sa première
attaque contre GÅ“the et ceux qui marchaient avec lui trop
de honte et d'humiliation pour leur pardonner; il continua
donc la lutte contre eux; lutte qui put bien faire quelque mal
à ses ennemis, mais qui ne put jamais lui faire aucun hon-
neur. A la suite d'une discussion qu'il eût avecMerckel, son as-
socié etson collaborateur, il perdit le peu d'estime que le public
pouvait faire de son intégrité et de son patriotisme. Puis il de-
vint rédacteur diplomatique et pamphlétaire politique aux ga-
gesdela Russie.Pendant la campagne de 1813,il accompagnait
l'empereur Alexandre et écrivait les proclamations de son ar-
mée. Il fut ensuite nommé consul russe à Kœnigsberg.En 1816,
il est rappelé à Saint-Pétersbourg pour être attaché au mi-
nistère des affaires étrangères. En 1817, il revient en Alle-
magne exercer le métier d'espion politique à 15,000 roubles
d'appointements. Enfin, le 23 mars 1819, il est poignardé à
Manheimpar KarlSand, l'étudiant en théologie.—Et l'Alle-
 magne a pardonné à son assassin.
   Vous me demanderez jpeut-ôtre, Monsieur, quel était le
motif de cette lutte de Kotzbue avec ses compatriotes ; quelle
était la cause de son acrimonie et souvent de sa déloyauté,
celle de la haine et peut-être de l'injustice de ses adversaires.
C'est que Kotzbue, par malheur, n'était ni de son pays, ni de
son temps. Par le caractère de son esprit et la tendance de ses
 opinions il était étranger à l'Allemagne et il y fut traité en
 ennemi. Railleur chez un peuple qui considère le ridicule
 comme une arme déloyale, superficiel parmi des savants cons-
 ciencieux, positif au milieu des rêveurs par excellence, il était
 plutôt français qu'allemand et son esprit elïrayait la bonne foi
 germanique, car l'esprit s'exerce presque toujours aux dépens
 de l'honnêteté. Tout chez lui était antipathique aux idées de
 son pays. Au moment où le génie original de l'Allemagne rom-
 pait le moule classique de la littérature française, Kotzbue