page suivante »
71 puissance et de l'intelligence, nous ne savions concevoir pour lui qu'une grande admiration. Si nous étions remontés à Dieu par le monde moral, alors nous aurions retrouvé en Dieu tant de tendresse et d'amour que nous aurions été épris d'une ineffable passion. Nous ne faisons pas attention que ce qui nous cliarme tant ici-bas est de Dieu, et se retrouve infini- ment en lui; qu'il est souverainement tout ce qu'il y a de bon et d'aimable sur la terre ! Eh quoi ! dans le sein même de la famille, dans les bras de ceux que nous aimons, au milieu de nos plus pures délices, vous n'aviez pas pris garde que nous n'étions que dans le temps, et que Dieu portait à l'infini tout ce bonheur dans son sein ?.. votre cœur ne sait donc pas raisonner en amour ! c'est-à -dire, remonter des effets qui le charment à la cause qui doit l'enivrer. Ah ! vous n'avez jamais réfléchi que Dieu était sublimement et en réalité ce que nous aimons ici d'une manière si pâle et si passagère, parce que si vous vous en étiez aperçus, je vois bien que lorsque vous prodiguez une si vive tendresse à votre mère, vous aimeriez Dieu, lui qui est la meilleure et la plus tendre des mères ! je vois bien que lorsque votre cœur est épris de l'ardent amour de l'épouse, vous aimeriez Dieu, lui qui est aussi la plus chaste et la plus ravissante des épouses î que lorsque vous idolâtrez votre enfant, parce que vous croyez vous retrouver en lui avec toute la beauté de l'innocence et de la pureté, vous aimeriez Dieu, qui est la pureté et l'inno- cence au point de déclarer que son royaume appartient à ceux qui seront comme des petits enfants ! que lorsque vous affectionnez votre frère ou votre ami, vous aimeriez Dieu, qui est celui qui vous veut le plus de bien, et qui est le plus tendre de vos amis! qu'enfin, lorsque vous êtes ravi en extase devant la nature, vous aimeriez Dieu, puisqu'il est l'éternelle et splen- dide source de toutes les beautés, dont il n'a fait apercevoir en ce monde que de pâles lueurs !