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et que l'amour nous procure cette possession de Dieu ; si
maintenant nous savions ce que c'est que Dieu, ne parvien-
drions-nous pas à nous faire une notion plus exacte du
bonheur lui-môme ?

   Que la nature se retire, que les Cieux et la terre dispa-
raissent pour moi, je veux étudier Dieu dans son plus bel
ouvrage, je veux étudier Dieu dans celui que Dieu n'a pas
craint de déclarer fait à sa ressemblance, je veux étudier Dieu
dans le cœur de l'homme.
    Lorsque Descartes, renouvelant le trait de génie de
saint Anthelme, donna la démonstration de l'existence de
Dieu par l'idée de l'infini qui le représente en nous, il ouvrit
les yeux de l'intelligence sur la nécessité de l'existence de
Dieu. Lorsque Kant, faisant marcher le char de la pensée
dans les voies sublimes de son prédécesseur, démontra que
les conceptions rationnelles sont la représentation en nous
des attributs de l'infini, il ouvrit les yeux de la science sur
les éléments de la nature de Dieu. Illustres bienfaiteurs de
la pensée humaine, venez prêter l'appui de votre autorité à
la plus chérie de mes pensées : vous avez retrouvé les carac-
tères de la substance de Dieu dans les notions de la raison, je
veux chercher les caractères de la vie de Dieu dans les sen-
timents du cœur.
   Après vous, je n'ai plus besoin de rappeler que, pour dé-
terminer scientifiquement les caractères de la nature de
Dieu, il faut procéder comme procèdent les physiciens dans
la recherche des propriétés de la matière, et les psychologistes
dans la recherche des facultés de l'esprit. C'est-à-dire que les
physiciens reconnaissent les propriétés de la matière par
leurs phénomènes ou manifestations, et que les psycholo-
gistes reconnaissent les facultés de l'esprit également par leurs
produits ou manifestations, et qu'alors nous devons recon-