Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                        MAZADE D ' A V È Z E .                299

et, quand éclatèrent les premiers troubles, précurseurs de
93, il chercha une retraite au château d'Avèze, dans les Cé-
vennes. Là, il vivait simplement et dans une prudente obs-
curité, mais l'incendie qui embrasa bientôt la France, et
dont les châteaux furent les premières victimes, le força de
quitter ses pénates et de fuir. Le départ eut lieu dans la
nuit du 30 décembre 1788, pendant un des plus rigoureux
hivers qui se soient fait sentir jamais.
    Vers les six heures du soir, la famille d'Avèze était dans
 le salon du château avec le curé du lieu et sa sœur. Ma-
 dame d'Avèze tenait sur ses genoux une jeune enfant, lors-
 qu'un domestique vint annoncer que les brigands étaient
 en vue du château, qu'ils paraissaient nombreux, portaient
 des torches allumées et poussaient des cris forcenés, A peine
 avait-il annoncé cette sinistre nouvelle, que deux autres
 domestiques vinrent supplier leurs maîtres de partir sans
délai. On pensa qu'il n'y avait pas à hésiter. Vingt-deux pay-
 sans habitués à travailler pour la famille d'Avèze, condui-
 sirent dans la cour du château d'immenses voitures qui furent
immédiatement chargées de vaisselle, de livres, de linge,
de tout ce qu'il y avait de plus précieux. A huit heures, les
deux époux, avec une nourrice, une enfant et une femme
de chambre, montèrent en voiture et se mirent en route par
 des chemins couverts de neige et de glace. Us n'étaient qu'à
une très faible distance qu'ils rencontrèrent la horde de
brûleurs, tenant en main leurs torches allumées, dont ils
jetèrent des éclats sur le convoi, qui passa au milieux d'eux
sans éprouver d'autre malenconlre que quelques grossières
invectives et des cris de vive la nation ! qu'ils proféraient avec
fureur à la porte de la voilure. Nos fugitifs purent bientôt
voir de loin les incendieurs qui montaient sur la cîme du
château, et mettaient le feu aux quatre coins de la toiture ;
toutefois, la garde nationale du lieu se présenta et les écon-
duisit.
  Mazade d'Avèze, après s'être arrêté à Gange, petite ville