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des Gloriettes est « une infirmerie » ; Mme Soulary (Jenny Maillé) qui souffre, elle
aussi, d'une bronchite et a de l'hypertrophie du cœur, essaie de l'homéopathie et
meurt, après une longue maladie, le 12 avril 1888.
       Soulary, ayant obtenu un congé de six mois, compte partir pour l'Algérie du
I e r au 5 octobre; mais son départ est retardé par la mort, au début d'octobre, de son
frère, le commandant Soulary.Le poète s'embarque enfin, vers le milieu d'octobre; le
29, il raconte, d'Alger, sa mauvaise traversée, le « redoublement » de sa bronchite à
l'arrivée et son installation rue Henri-Martin, 8, puis Rampe-Vallée, 19, chez Mme
Arjo, où il a une terrasse et un jardin.
       Après un rude hiver — il neige à Alger — le malade se rétablit peu à peu ; il
excursionne autour d'Alger et va visiter la trappe de Staouëli, où il retournera en mai
(1889).
       Le même mois, ayant renoncé à son poste d'inspecteur des bibliothèques, il a été
admis à la retraite. Son rêve est, maintenant, de se fixer en Algérie pour y finir ses
jours. Il vendrait les Gloriettes. Il habite alors « un petit et coquet appartement dans
un jardin », le chalet Fontaine-Bleue, à Mustapha, et ne se lasse pas de son farniente
absolu. La vue dont il jouit — toute la côte, d'Alger au cap Matifou — l'émerveille
toujours. Il a vu brûler les magasins à fourrages de Mustapha ; il attend l'escadre dont
l'arrivée est annoncée...
       Mais le retour de l'automne lui vaut un mauvais rhume, et, en octobre, il doit
quitter son chalet, trop exposé aux vents du Nord, pour regagner la ville et son ancien
logis de la rue Henri-Martin, un logement « d'étudiant de troisième classe ».
       C'est là qu'il reçoit, de Valence, au début de novembre, une lettre qui le peine ;
Mlle Souchier, ayant appris par des on-dit le prochain mariage de son « cher poète »,
semble lui faire entendre, en le félicitant, que, désormais, elle ne lui écrira plus. Il lui
répond, le 14 novembre :
       « Le reporter de qui vous tenez vos renseignements s'est trompé et les vœux de
bonheur que vous m'adressez sont prématurés. Je ne suis pas marié. Mais ce qui n'est
pas vrai aujourd'hui peut être vrai demain. Or, même dans ce cas, je ne vois pas la
nécessité où nous serions, vous et moi, de rompre des relations qui ont pour elles une
triple consécration : celle du temps, celle d'une estime réciproque, celle d'une légitime
sympathie ». Il espère donc que sa fidèle correspondante n'a pas « dit (son) dernier
mot » et il attend d'elle une longue missive.
       Il la reçoit et le nuage se dissipe. Le 2 février 1890, Soulary confirme à son amie
« le grand événement » de son mariage, « acte de haute raison à (son) âge » et qui gar-
dera sa vieillesse de la solitude et de la tristesse. Il a épousé à Alger, le 30 janvier pré-
cédent, Mme Eugénie Pommier-Vincent l8 .
       Le poète et Mlle Souchier continuèrent donc à correspondre. Soulary regagna


     18. Il lui avait dédié, en 1876, son volume la Chasse aux mouches d'or (A. E. P.) et, dans les Rimes ironi-
ques, les sonnets la Fugue (1876) et le Revenant, et les poèmes Un songe (novembre 1876) et la Gypsie (décem-
bre 1876).