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— 67 — manquerais pas de place où invoquer l'aide de Dieu, sans compter un portrait de la Vierge, dans un cadre oval, à l'angle de la place, devant laquelle, le soir venu, on tient une chandelle fort proprement allumée. Enfin, je gîte tout juste au-dessus d'un cardinal qui fut capucin et qu'on dit austère. Mille prêtres et moines hantent dès l'aube son logis. Je ne saurais donc mourir sans confession : je pourrais même pêcher sans rete- nue, puisque j'ai, si j'ose ainsi parler, l'absolution à ma commodité. Mais la considération des devoirs où je me suis engagé vis-à -vis de vous sera toujours plus forte que l'entraînement des plaisirs ou les facilités de la pénitence ». Le feuillet s'arrêtait là . Quelques recherches ont permis de penser que cette lettre avait été écrite par le Chevalier de C. à la comtesse de M., le chevalier venait d'être attaché à l'ambassade de Rome; sa liaison avec la comtesse datait alors de quelques mois — une série d'intrigues à Rome le détachèrent peu à peu de la comtesse qui en conçut un pro- fond chagrin. Quelques lettres retrouvées par le mari provoquèrent une désunion que l'infidélité du chevalier rendait tardive et injuste. La com- tesse se retira chez une tante, chanoinesse au Chapitre de Salles en Beaujolais, où elle demeura jusqu'en 1791. Le comte mourut en 1783. Quant au chevalier, après un séjour de six ans à Rome, il fut envoyé comme secrétaire d'ambassade à Londres, où la Révolution le surprit. Il y vécut de la pension que le gouvernement offrit aux émigrés et aussi, dit-on, des subsides d'une dame anglaise qu'il avait su intéresser. Cette vie médiocre se racheta par une mort honorable. Il prit part à la malheu- reuse affaire de Quiberon, et fut fusillé : il mourut avec le plus grand courage et ne se départit pas, jusqu'à la dernière minute, de la plus extrême politesse. R. L.-V.