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 sur les souliers à la poulaine à la cour des rois de France. La curiosité de nos
pères s'intéressait d'ailleurs volontiers à ces productions d'un esprit et d'une
érudition quelque peu factices. Un des plus grands succès du bon chanoine
fut la dissertation sur les parfums qu'il lut à la séance solennelle de décem-
bre en présence de Monsieur de Voltaire : l'élite intellectuelle de notre cité
se passionna pendant quelques jours pour cette étude et discuta de ces
parfums dont l'obéancier de Saint- Just disait : « Dans tous les temps la
piété les fit brûler pour les dieux, dans tous les temps la médecine les adapta
comme préservatifs ; le luxe les a perfectionnés pour la volupté, et la
beauté jalouse de séduire tous les sens s'en est emparée et en abuse
quelquefois ».
      Le grand obéancier de Saint-Just semble avoir eu une intelligence
vraiment originale, l'enthousiasme prompt et soutenu, l'imagination arden-
te mais quelque peu désordonnée. En nous permettant d'accuser le digne
chanoine de désordres dans l'imagination, nous avons surtout en vue deux
ouvrages présentés par lui à l'Académie et dont les conclusions sont certai-
nement plus originales que profondément étudiées. Nous voulons parler de
son système d'éducation pour les jeunes gens et de son projet de tontine au
bénéfice des hôpitaux.
      Dans son plan d'éducation, après avoir demandé que l'éducation des
enfants devînt l'objet des plus grands soins du gouvernement, messire
Lacroix, devançant la Restauration, réclamait tout d'abord un ministère
particulier pour l'instruction publique. Puis, entrant dans le détail de son
système, il éloignait les enfants de la contagion des grandes villes et de la
faiblesse des parents en transportant toutes les écoles à la campagne. Cha-
que maître ne pouvait avoir que sept élèves et n'enseigner qu'une science ;
aussi, pour parcourir le cercle des connaissances qu'on aurait voulu lui
donner, un jeune homme aurait passé dans des lieux et sous des maîtres
différents. Cette multitude d'institutions particulières, disséminées loin des
grands centres, auraient correspondu avec des bureaux d'administration
placés dans les capitales des provinces, et ces bureaux auraient décidé non
seulement de la capacité des élèves mais encore du genre d'études et de la
profession qui leur convenaient.
      On est quelque peu étonné de trouver sous la plume du bon chanoine